Farfetch, la plate-forme e-commerce de luxe va faire son entrée en bourse

Publié le 30 août 2018 | 5 min de lecture

Farfetch propose les derniers articles Gucci livrés chez vous en 90 minutes, possède des accords de distribution avec des marques telles que Nike et TAG Heuer, et a récemment lancé un site en arabe pour répondre aux attentes des consommateurs fortunés du Moyen-Orient.

Désormais, l'entreprise se tourne vers un nouveau client : Wall Street.

La semaine dernière, la marketplace du luxe en ligne, dont le siège est situé à Londres, a dévoilé sa demande d’introduction en bourse, sur le New York Stock Exchange. Ceci est le dernier signe de croissance de la société, au sein d’un e-commerce de la mode en pleine expansion à l’échelle mondiale.

Farfetch, la plate-forme aux 500 boutiques de luxe indépendantes et aux 200 marques, a été fondée en 2007 et fait désormais partie d'une poignée de sociétés technologiques en Europe, valorisées à plus d'un milliard de dollars.

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La décision de Farfetch d’entrer en bourse a été anticipée depuis longtemps. Elle souligne la tendance à la hausse des achats e-commerce haut de gamme, contrastant avec les perspectives plus larges du secteur de la vente au détail dans le monde, façonnées par la fermeture de chaînes établies de longue date, par l’évolution des habitudes de consommation et par la menace toujours présente d’Amazon.

Les consommateurs, riches financièrement mais pauvres en termes de temps, ont de plus en plus tendance à acheter des produits de mode de luxe en ligne plutôt que dans des boutiques traditionnelles. Par conséquent, Farfetch et ses concurrents tels que Yoox Net-a-Porter ont connu une croissance rapide. Les deux entreprises ont dépensé de grosses sommes d’argent pour étendre leurs opérations. Yoox Net-a-Porter, par exemple, a récemment augmenté ses offres de montres Chopard et Piaget de 15 000 dollars et prévoit de générer des revenus d’environ 114 millions de dollars pour les bijoux et les montres haut de gamme d’ici 2020.

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De nombreux investisseurs se sont bousculés auprès des marketplaces de luxe

Après une bataille féroce en septembre, la société d’investissement Apax Partners a dépensé un milliard de dollars environ pour prendre une participation majoritaire dans Matchesfashion.com, un groupe britannique de e-commerce de luxe. Plus tard en 2017, Moda Operandi, un site de commerce électronique de haute couture new-yorkais, a annoncé avoir obtenu 165 millions de dollars dans son dernier cycle de financement. Et cette année, Yoox Net-a-Porter a été privatisé par un groupe de luxe suisse.

Depuis sa création il y a 11 ans, Farfetch a parcouru un long chemin. Elle fut initialement construite par José Neves, un ancien propriétaire de magasin de chaussures au Portugal, dans le but d’aider les petits magasins à entrer dans le monde numérique. La plateforme prend une commission sur chaque achat, se libérant de la nécessité de constituer des stocks importants ou de créer les besoins en capitaux d'un commerçant traditionnel.

Soutenue par le géant chinois du commerce électronique JD.com, qui conservera sa participation après la cotation, Farfetch compte désormais près d'un milliard de consommateurs actifs, peut expédier dans 190 pays et a créé une plate-forme d'infrastructure que les marques de luxe peuvent utiliser pour développer leur propre business e-commerce.

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"Ce qui nous différencie, c’est que tout le monde opère sur un modèle de vente au détail, mais nous sommes une plate-forme, pas un magasin, un facilitateur et non un concurrent, et nous récoltons tous les avantages d’une telle position" s’exprimait José Neves en décembre dernier. "Nous pensons que nous sommes la seule plate-forme mondiale de luxe à grande échelle."

Cependant, alors qu'une poussée de la croissance a incité Farfetch à rechercher de nouvelles sources de revenus et à fait grimper les ventes de 59% l'an dernier à 386 millions de dollars, la société n'a pas réalisé de bénéfice depuis sa création. Alors que les investissements et les coûts ont augmenté, les pertes ont atteint 68 millions de dollars au premier semestre de 2018, contre 29 millions de dollars au cours de la même période en 2017. Farfetch a déclaré que ces pertes résultaient des coûts de pénétration de nouveaux marchés et de l’ajout de nouvelles marques et partenariats.

Ces pressions sont loin d'être uniques. Stitchfix, un service d'abonnement à des vêtements personnalisés, basé à San Francisco, a connu une première période difficile en tant que société cotée. Des fiascos de grande envergure comme celui de Style.com, entreprise de e-commerce soutenue par la société de médias Condé Nast, ont également été de véritables alertes, indiquant que parfois les événement peuvent aller de travers.

Il existe toutefois des tendances positives. D'une part, la demande de vêtements et d'accessoires de mode est florissante. Selon un récent rapport de Bain & Co., le marché mondial des produits de luxe devrait croître de 6 à 8% cette année et devrait atteindre 446 milliards de dollars d’ici à 2025.

Farfetch a déposé des documents d’enregistrement auprès de la Securities and Exchange Commission, affirmant qu’elle souhaitait collecter 100 millions de dollars, un chiffre qui changera probablement. Bien que l'entreprise n'ait pas spécifié de date pour son introduction en bourse, elle devrait avoir lieu cette année.

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Source : sfgate.com

Pour aller plus loin : 

Crédit photo : farfetch.com

Bérangère D'Henry

Bérangère D'Henry

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