Plus de 50 milliards d’objets seront connectés à l'horizon 2020. Ce boom annoncé suscite immanquablement l’intérêt des spécialistes du secteur. Le récent rapport d’analyse du cabinet d'études Mason sur l'état du marché des objets connectés (IoT), intitulé " Investments in NB-IoT, LTE-M and new capabilities prepare operators for an active 2018 " démontre que 2018 marquera le point de départ et l’accélération des déploiements des réseaux NB-IoT et LTE-M dans le monde.
L'une des grandes questions auxquelles le marché de l'Internet des objets est confronté est de savoir quelle technologie de connectivité sera utilisée ? Les analystes du cabinet Mason voient à ce sujet une grande scission.
En effet, en Chine, la tendance sera à la technologie NB-IoT (Narrowband Internet of Things), une technologie de communication sans fil et dont les atouts sont nombreux : faible consommation d’énergie, couverture étendue, faible coût de production et d’utilisation.
La Chine est d’ailleurs le premier pays du NB-IoT : trois opérateurs mobiles chinois y construisent des réseaux NB-IoT et le gouvernement soutient fortement cette technologie. Le cabinet Mason prévoit d'importantes annonces de contrats pour 2018 et probablement un million de connexions supplémentaires. A ce jour Huawei, l’un des grand promoteurs de la technologie, estime que 5 millions d’objets et capteurs connectés discutent en NB-IoT, parmi lesquels, des compteurs d’eau, de gaz, des capteurs dans les usines et les parkings, des vélos, des lampadaires connectés… Cette technologie déjà en place dans l’industrie et la logistique pourrait bientôt concerner la smart city, l’agriculture, et également la smart home et l’électroménager…
Aux États-Unis, en revanche, c’est la technologie LTE-M (Long Term Evolution) qui a le vent en poupe, où elle est déployée par AT&T et Verizon. Les grandes annonces de contrat sont moins probables cependant, selon Mason.
Mais, Verizon envisage de développer les deux technologies. Pour le co-auteur du rapport, Tom Rebbeck, il ne s'agit pas d'un changement sismique de politique. Comme ce dernier le souligne "Développer ces deux technologies mondiales ne présente pas de grosse difficulté, cela ajoute peut-être 20% aux coûts de production mais c'est un petit prix à payer ! “ Le cabinet Mason prévoit cependant qu'aucune entreprise de télécommunication ne lance les deux technologies en même temps.
Une technologie n'est pas mentionnée dans le rapport : il s’agit de LoRA, une troisième option pour connecter des appareils IoT. LoRA est une technologie réseau longue portée permettant la communication à bas débit d’objets connectés. A l’instar de la 3G/4G, elle permet la transmission aussi bien en extérieur qu’en intérieur sur des distances plus longues. Tom Rebbeck affirme que c'est une technologie plus importante en Europe - en particulier en France, en Suisse et aux Pays-Bas, bien que, dit-il, "il y ait des poches de LoRA dans d'autres parties du monde.”
L’IoT du consommateur
La prochaine Apple Watch utilisera-t-elle la LTE-M? Cela n'est pas envisagé pour le moment mais c'est possible ! Dans de nombreux pays, au moins un opérateur s’appuiera sur la LTE-M d'ici mi-2018.
Vodafone a lancé «V by Vodafone» en 2017, mais ses produits IoT grand public sont assortis d'une cotisation d'abonnement mensuelle de 3 à 4 euros, ce qui nuit considérablement à de nombreux clients potentiels. Amazon regroupe le coût de la connectivité dans le coût initial de la 3G Kindle et Mason s’attend à ce que d'autres fournisseurs d'appareils IoT grand public suivent cet exemple en 2018.
L’IoT des entreprises
En 2017, des investissements importants ont été réalisés dans le domaine de l'IoT industriel. Des start-ups telles que FogHorn et ForgeRock ont réalisé d'importants investissements tandis que des entreprises bien établies comme Apple et General Electric collaborent au développement de nouvelles solutions. Les fournisseurs de plateformes s'appuieront sur cette croissance et acquerront ou développeront des fonctionnalités pour l'IoT en 2018.
Une connectivité globale
En 2017, certains opérateurs mobiles, relativement petits ont obtenu des contrats importants avec de grands constructeurs automobiles pour fournir une connectivité embarquée (par exemple, le contrat entre Globetouch et General Motors, Truphone et Kia, ainsi qu’entre Cubic et Audi). 2018 continuera de surprendre. Le cabinet d'études Mason prévoit que davantage de contrats de ce type soient attribués cette année, et que cette tendance devienne de plus en plus préoccupante pour les grands opérateurs de réseaux mobiles.
Les opérateurs des pays émergents d'Asie-Pacifique vont accélérer leurs activités IoT
La Chine est à l'avant-garde des développements de l'IoT et de nombreux opérateurs des marchés asiatiques émergents suivent l'exemple en investissant dans la construction de plates-formes de connectivité et de gestion de données IoT, principalement par le biais de partenariats avec des fournisseurs. Les développements réglementaires dans les véhicules automobiles et électriques ainsi que les initiatives prises par le gouvernement concernant les smart city et l'énergie intelligente commenceront à offrir des opportunités tangibles. Mason prévoit que le nombre total de connexions IoT dans la région augmentera de 24% en 2018.
Le règlement général européen sur la protection des données : une opportunité pour les opérateurs de téléphonie
Les entreprises opérant en Europe devront être conformes au GDPR (le règlement général sur la protection des données) d'ici mai 2018. Ce règlement GDPR offrira des opportunités aux opérateurs pour aider leurs entreprises clientes, en particulier les PME, à s'assurer que tous les appareils, y compris les appareils IoT, soient conformes à la réglementation. Les plates-formes de connectivité et de gestion des appareils continueront donc à jouer un rôle important pour aider les clients à se conformer. Des opérateurs tels que Deutsche Telekom, Telefónica et Vodafone, avec des unités opérationnelles de cyber-sécurité et une bonne compréhension des problèmes seront bien placés pour conseiller les entreprises sur le respect du GDPR pour les initiatives IoT.
Le marché vertigineux de l’IoT bousculera également le e-commerce
Réfrigérateurs, chaudières, vêtements, voitures, chaque objet connecté devient un canal de vente en puissance. La collecte de données sur les habitudes de consommation des individus par ce canal offrent des possibilités d’obtenir des insights consommateurs pour personnaliser les recommandations client et construire de meilleures campagnes marketing.
Dans la livraison de colis, les voitures connectées pourraient jouer un rôle important. Dans l’entrepôt, des robots issus de l’IoT permettront une meilleure organisation, que cela soit pour le rangement, la collecte et l’emballage des produits.
Source : sci-tech-today.com
Pour aller plus loin:

Bérangère D'Henry